Invitation au voyage immobile avec Marine de Soos

L'île-d'Yeu — Marine de Soos expose ses sculptures en bronze jusqu'au 17 août.

Rencontre avec une artiste voyageuse qui a choisi l'île comme port d'attache.

Entretien

Pourquoi exposez-vous régulièrement à l'île d'Yeu ?

Mes œuvres sont présentées dans des lieux prestigieux comme le PAD, salon du design à Paris où j'ai mon atelier ; le musée Ernest Cognacq à l'île de Ré ; ou la Brafa à Bruxelles. Mais j'expose tous les trois ans sur l'île, où je séjourne depuis 40 ans. J'y apprécie la qualité du contact, la proximité, source de belles rencontres. Des collectionneurs attendent mes nouveautés. Cette année, sur une quarantaine de pièces exposées, la moitié sont tout juste de l'atelier. Je réalise aussi des pièces monumentales sur commande.

Où puisez-vous votre inspiration ?

Dans les souvenirs de mes voyages. J'ai passé une partie de mon enfance en Afrique. L'Asie fait aussi partie de mes repères. Habité par ces expériences, je cherche à transcender les frontières, dans une sorte d'universalité, avec des œuvres au carrefour des civilisations.

Comment parvenez-vous à réaliser des sculptures d'une telle finesse ?

Attentive au détail, je retouche chacune d'entre elles. Certaines sont d'ailleurs fondues en bijouterie. La sculpture est le résultat d'une chaîne humaine. Je suis admirative de ces savoir-faire ancestraux. Ainsi, avec le ciseleur, nous exécutons un ballet à quatre mains pour ajuster chaque pièce avec soin. Enfin, je veille avec attention à la patine de chacune, afin que celle-ci révèle son habit de lumière, de manière subtile et singulière. Entre la création du personnage, le moule et les finitions, il se passe au moins cinq mois.

Comment réagit le public devant vos œuvres ?

On me dit souvent que mes sculptures sont chargées en émotions. Par le choix des attitudes, l'intériorité des personnages, la quiétude de l'eau, la portée du vent, je souhaite embarquer les gens pour une sorte de voyage immobile. Ainsi, l'Éloge de la lenteur nous incite-t-elle à savourer les temps qui s'étire. L'été n'est-il pas, plus que jamais, propice à la contemplation ? Suspendues dans l'espace et le temps, mes œuvres traduisent avant tout un fort désir d'harmonie. Une quête de sérénité.

Jusqu'au dimanche 17 août, tous les jours de 10 h à 13 h et de 17 h à 20 h, « La Grâce des moments heureux », exposition Marine de Soos, à la Maison des Quais, à Port-Joinville.

Marine de Soos expose ses sculptures jusqu'au 17 août, à Port-Joinville.   PHOTO : © MANON DE SOOS